…Cette expression fut utilisée par Jules Ferry le jour de l’inauguration du lycée, pour sa situation géographique et son architecture ouverte et aérée.
Ce sont des conditions particulières qui ont permis la naissance de ce lycée, auquel a donné son nom Janson de Sailly. La mésentente au sein de son couple et l’impossibilité de divorcer l’ont amené à faire don de l’intégralité de ses biens à l’Université de Paris, charge à elle de créer un établissement portant son nom.
Alexandre-Emmanuel-François Janson de Sailly, est né le 26 juin 1785. Après des études brillantes, il devient avocat en 1806 et épouse en 1809 Joséphine Berryer, fille d’une famille de magistrats célèbres. Le ménage connaît une aisance relative, mais très rapidement une brouille éclate qui donnera lieu, après l’échec d’un divorce par consentement mutuel, à une séparation de corps en 1821.
Cette même année, il fait un testament dans lequel il récuse tous les legs antérieurs faits à sa femme, puis en 1828, tous ceux faits en faveur de ceux qui l’ont « successivement tourmenté, abandonné et trahi ». Il abandonne l’essentiel de sa fortune à l’Université, – « tous les deniers libres provenant de ma succession »- , « laquelle voudra bien créer à Paris une institution sous le nom de Collège Janson où des jeunes gens distingués par leur amour filial et âgés de moins de douze ans recevront l’éducation des humanités ».
Un terrain de 33.000 m2 est acheté entre les rues de la Pompe, de Longchamp, Herran et Descamps, sur lequel sera bâti l’établissement. L’architecte chargé des travaux est Jean Charles Laisné, déjà connu pour ses restaurations de monuments historiques. Jules Ferry, alors ministre de l’Instruction publique et des Beaux Arts lui confie la mission de réaliser « le lycée des temps nouveaux ».
« Nous voulons installer, comme en ce lycée modèle, les vastes préaux, les beaux ombrages, la lumière, le soleil, tout ce qu’il faut aux enfants comme aux plantes, car ils vivent avant tout comme elles, de soleil et de grand air ». Outre l’intérêt que présentent les bâtiments à l’architecture en fer et en pierres, la décoration d’ensemble ne laisse rien au hasard.
Sur la façade principale en pierre de taille, rue de la Pompe, s’échelonnent les bustes de grands écrivains (de Corneille à Voltaire), quant aux pavillons d’angle qui s’élèvent sur deux étages, ils sont ornés des bustes d’écrivains et de savants (de Montaigne et Descartes à Guizot et Victor Cousin et bien sûr Victor Hugo). Enfin, l’entrée principale est encadrée de statues représentant les Lettres et les Sciences. A l’intérieur de la cour d’honneur des médaillons en lave émaillée figurent, dans ce qui devait être et est devenu un grand lycée scientifique, les visages de huit grands savants du XVIIIe et XIXe siècle.
La cérémonie de la première pierre aura lieu le 15 octobre 1881, sous la présidence de Jules Ferry, et en présence de nombreuses personnalités dont le préfet de la Seine, le maire du 16ème arrondissement, Henri Martin et Victor Hugo. Le lycée ouvre ses portes le 13 octobre 1884. Il concrétise ainsi les vœux formulés par Janson de Sailly dans son testament.
Après la Libération de Paris en août 1944, le Lycée Janson de Sailly se transforme en caserne pour les troupes de volontaires placées sous le commandement de Rol Tanguy. Ce sont des étudiants de Janson, de jeunes parisiens et d’autres venus de province.
À l’initiative du lieutenant-colonel Gayardon de Fenyol, ces jeunes recrues rejoignent la 1ère armée du général de Lattre de Tassigny stationnée au Valdahon dans le Jura. Pour former un bataillon, de Lattre en demande 500, ils seront plus de 1300.
C’est à Masevaux le 26 novembre 1944 que le 2ème Bataillon de Choc – Janson de Sailly – a son baptême du feu où tombent une trentaine d’entre eux. Puis ce seront les libérations de Sickert, Bourbach-le-Haut, Sausheim, Etueffort, Richwiller. Le 2ème Choc suit la marche de la 1ère Armée jusqu’à Berlin et participe à la victoire sur le Troisième Reich.
Le bataillon reçoit son drapeau des mains de son parrain, le Major américain William Bullitt, attaché au QG du général de Lattre de Tassigny. 170 d’entre eux feront le sacrifice de leur vie pour que vive la France, libre et fidèle à ses valeurs. Leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts dans la cour d’honneur du lycée, mais aussi dans les bourgs où ils sont tombés.
Après la guerre, les anciens du 2ème Bataillon de Choc ont créé une association pour perpétuer la mémoire de leurs camarades tombés au champ d’honneur, et garder des liens avec les villages libérés en 1945.
« Nos libérateurs », voilà le nom que les habitants de ces communes ont donné aux membres de ce bataillon qui s’est dissous en 2016.
Le 19 mai 2016, au cours d’une émouvante cérémonie les anciens membres du commando du 2ème Bataillon de Choc, nous ont transmis leur drapeau et leur devise : « En pointe, toujours ».